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Déchirures périnéales : à quoi s’attendre ?

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  • Publication publiée :11/02/2022
  • Dernière modification de la publication :28/06/2022
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Les déchirures périnéales au cours de l’accouchement sont depuis toujours une problématique importante dans le monde de l’obstétrique. L’arrivée de votre bébé ne doit pas vous laisser avec une désagréable déchirure au niveau du périnée. Un accouchement normal peut entraîner une déchirure du vagin et des tissus environnants, mais il s’agit d’un risque qui peut être réduit. Cet article vous renseignera sur les différents types de déchirures et sur des astuces qui pourront vous aider à atténuer toute blessure et emportez ces connaissances avec vous lors de votre prochaine consultation avec votre sage-femme ou obstétricien.

Que sont les déchirures périnéales ?

Le périnée est la zone située entre le vagin et l’anus. Il s’agit d’une bande de peau souple qui est susceptible de se déchirer si elle subit une pression importante, notamment lors de l’accouchement. Ce type de blessure est appelé déchirure périnéale, lacération périnéale ou déchirure vaginale.

Une déchirure se produit en raison de la pression exercée par la tête du bébé lorsqu’elle passe par l’ouverture vaginale. Il se peut que la tête du bébé soit trop grosse pour que le vagin s’étire ou que la tête soit de taille normale, mais que l’ouverture vaginale ne s’étire pas suffisamment.

Les déchirures périnéales sont-elles fréquentes ?

Une enquête, menée par Euro-péristat (Système européen d’information périnatale) et datant de 2016, a été effectuée sur 20 pays européens. Elle rapporte les taux de déchirures obstétricales du sphincter anal, qui regroupe donc les lésions du 3ème et du 4ème degré.

Les taux sont les suivants :
– France : 0,8% et 2,2% suite à une naissance instrumentale,
– Danemark : 4,1% et 14,7% suite à une naissance instrumentale,
– Pologne : 0,1% et 0,5% suite à une naissance instrumentale,
– Angleterre : 3,2% et 6,7% suite à une naissance instrumentale.

Le risque de déchirure périnéale est aussi plus élevé chez les femmes asiatiques car la peau et le tissu conjonctif sont moins laxes et ne s’étirent pas aussi facilement que chez les femmes caucasiennes.

Les types de déchirures vaginales

Les déchirures périnéales se classent selon 4 degrés de gravité, selon le Royal College of Obstetricians and Gynaecologists (RCOG).

Déchirure périnéale du 1er degré

Il s’agit d’une déchirure peu profonde ou écorchure qui touche la peau périnéale. Elle peut se produire autour des lèvres, du clitoris ou à l’intérieur du vagin. Elle provoque une légère gêne et des picotements lors de la miction. La déchirure périnéale du premier degré peut nécessiter ou non des points de suture, elle guérit généralement en quelques semaines et sans traitement. Il est très peu probable qu’elle cause des problèmes à long terme, mais elle peut être très douloureuse.

Déchirure périnéale de 2e degré

Il s’agit d’une déchirure des couches cutanées et musculaires de la zone périnéale. Dans certains cas, elle peut même s’étendre jusqu’au vagin. La cicatrisation sera meilleure si la déchirure est réparée par des points de suture. La réparation se fait normalement sous anesthésie locale dans la salle où vous avez accouché. Vous pouvez vous attendre à ce qu’elle guérisse en quelques semaines. La déchirure du second degré est peu susceptible de causer des problèmes à long terme, mais elle peut être très douloureuse.

Déchirure périnéale du 3e degré

Cette déchirure traverse les muscles périnéaux et atteint le muscle en forme d’anneau qui entoure l’anus (le sphincter anal). Il est important de réparer chirurgicalement cette déchirure pour réduire l’incidence des flatulences ou de l’incontinence intestinale.

Déchirure périnéale du 4e degré

Cette déchirure s’étend du sphincter anal jusqu’au canal anal ou au rectum. Ce type de déchirure nécessite une réparation chirurgicale. Il faut environ trois mois pour que la cicatrisation soit complète ou pour que la zone soit confortable. 60 à 80 % des femmes ne présentent aucun symptôme un an après l’accouchement après une déchirure impliquant le sphincter ou le canal anal.

La réparation des déchirures du troisième et du quatrième degré

Si vous avez subi une déchirure du troisième ou du quatrième degré ou une boutonnière rectale, vous serez transférée dans une salle d’opération dès que possible après la naissance de votre bébé et après délivrance du placenta.

On vous fera une anesthésie rachidienne ou péridurale pour que vous puissiez bénéficier d’un bon soulagement de la douleur pendant la réparation de vos muscles. Vous aurez des points de suture entre le vagin et l’anus ainsi que sous la peau. Un sondage urinaire peut être nécessaire si la déchirure est proche de l’urètre.

Après l’intervention, vous recevrez des antibiotiques et des analgésiques. Les points de suture finiront par se dissoudre (se ramollir et tomber).

Femme enceinte en consultation chez le médecin

Qu’est-ce qu’une épisiotomie ?

L’épisiotomie est une petite incision chirurgicale pratiquée par le médecin pendant le travail pour élargir l’ouverture vaginale, faciliter l’accouchement et prévenir les déchirures périnéales. C’est l’intervention obstétricale la plus pratiquée au niveau mondial, représentant 47% des accouchements par voie basse au début des années 2000.

Bien que l’épisiotomie soit une pratique courante, certaines études (comme celle de Hong et al.) suggèrent qu’elle ne doit pas être une procédure de routine pour les accouchements par voie vaginale.

Prenez une décision éclairée en discutant de la question avec votre sage-femme ou obstétricien. Vous pouvez même inclure ce détail dans votre projet de naissance.

Quelle est la différence entre une épisiotomie et une déchirure ?

Une déchirure se produit spontanément lorsque le bébé étire le vagin pendant la naissance.

Une épisiotomie est une incision pratiquée par un professionnel de la santé dans le périnée et la paroi vaginale afin de laisser plus d’espace pour la naissance de votre bébé. Il est possible qu’une épisiotomie s’étende et devienne une déchirure plus profonde.

Si vous avez subi une épisiotomie, vous aurez besoin de points de suture pour la réparer. Cette opération est normalement effectuée sous anesthésie locale dans la chambre où vous avez accouché.

Les raisons d’une épisiotomie

  • Un accouchement aux forceps ou par aspiration : cela élargit l’ouverture vaginale lorsque des instruments sont utilisés pour faciliter l’accouchement. L’accouchement par forceps sans épisiotomie multiplie par 6,5 le taux de déchirures graves, tandis que l’épisiotomie en réduit l’incidence à 1,3 fois.
  • Un accouchement compliqué : un exemple de naissance compliquée est lorsque le bébé est positionné avec les fesses ou les pieds en premier (siège) ou lorsque les épaules sont coincées (dystocie des épaules) de sorte qu’il n’y a plus d’espace pour effectuer d’autres manœuvres.
  • Pour accélérer l’accouchement en cas de détresse fœtale : la détresse fœtale est une complication du travail où le rythme cardiaque du bébé diminue considérablement avant la naissance en raison d’un manque d’oxygène (hypoxie). Cela peut être dû à une compression du cordon ombilical ou à de fortes contractions utérines couplées à l’effort de la mère pour s’appuyer. Dans ce cas, le bébé doit être mis au monde rapidement pour éviter le risque d’hypoxie à la naissance ou de mortinatalité. Une épisiotomie est nécessaire dans ces cas pour aider à raccourcir la phase finale et éviter de stresser davantage le bébé.

Les types d’épisiotomie

  • L’épisiotomie médiane : elle implique une incision verticale vers le bas du périnée qui s’étend vers l’anus. Elle peut guérir plus rapidement qu’une incision médio-latérale.
  • L’épisiotomie médio-latérale : il s’agit d’une incision qui va vers le bas et en diagonale vers le côté droit ou gauche du rectum. Elle est généralement utilisée pour les accouchements avec instruments et présente un taux plus faible de déchirures du 3e ou 4e degré par rapport à l’incision médiane.

Chaque type d’épisiotomie présente des avantages et des inconvénients. Votre médecin décidera du type d’épisiotomie le plus approprié dans votre cas. Vous pouvez également en discuter avec votre médecin lors de vos examens prénataux. Renseignez-vous sur la réparation, la cicatrice, la douleur après l’accouchement et la cicatrisation, entre autres.

Les points de suture suite à une épisiotomie

Votre épisiotomie est suturée peu après la naissance du bébé. Elle est réalisée sous anesthésie locale afin que vous ne ressentiez aucune douleur. L’anesthésie locale peut ne plus être nécessaire si vous avez eu une péridurale, car celle-ci engourdit déjà la zone.

Dans la plupart des cas, il n’est pas nécessaire d’enlever les points de suture car les points réalisés sont dissolubles dans les deux semaines. La déchirure ou la coupure guérira donc en 3 à 4 semaines. La cicatrisation sera surveillée par votre sage-femme ou votre gynécologue.

La récupération après une épisiotomie ou une déchirure

Pour améliorer votre temps de guérison après une épisiotomie, vous pouvez faire ce qui suit :

  • Reposez-vous et adoptez une position couchée sur le côté autant que possible.
  • Montez et descendez du lit sur le côté, en vous asseyant sur le rebord de votre lit, pour réduire toute tension sur votre périnée.
  • Gardez la zone propre et au sec en lavant et en changeant régulièrement de protection hygiénique (toutes les 4 heures au maximum) pour éviter toute infection. Votre médecin peut également vous prescrire un spray ou un produit de lavage antiseptique.
  • Lavez ou douchez au moins une fois par jour la zone.
  • Commencez à faire des exercices doux du plancher pelvien 2 à 3 jours après l’accouchement.
  • Essuyez-vous toujours de l’avant vers l’arrière après être allée aux toilettes pour éviter d’infecter la zone de l’épisiotomie.
  • Prenez les médicaments contre la douleur prescrits par votre médecin.

Informez immédiatement votre médecin si vous présentez l’un des symptômes suivants :

  • Saignement de l’épisiotomie,
  • pertes vaginales malodorantes,
  • fièvre ou frissons,
  • douleur périnéale intense.
Nouveau-né extrait du ventre de sa mère

Comment éviter les déchirures pendant l’accouchement ?

L’épisiotomie étant une option, il existe des moyens d’éviter les déchirures ou de prévenir les déchirures graves pendant l’accouchement. Voici quelques-unes des mesures qui peuvent vous aider à minimiser le risque de subir une déchirure grave.

La nutrition

Restez hydratée et buvez beaucoup d’eau (2,5 à 3 litres par jour) pour que les tissus soient également bien hydratés. La vitamine C, les acides gras oméga 3 et le zinc sont bénéfiques pour l’élasticité et la cicatrisation de la peau. Les aliments comme les agrumes, les avocats et les noix sont donc bénéfiques.

Le massage du périnée

Entre la 35ème et la 36ème semaines de grossesse, une hormone, la relaxine, va contribuer à l’élasticité du tissu conjonctif et faciliter l’accouchement. Le massage du périnée en fin de grossesse peut favoriser l’élasticité et réduire le risque de déchirure lors de l’accouchement. Il existe de nombreuses publications, mais peu sont randomisées sur le bénéfice du massage périnéal.

Le périnée est la zone située entre l’ouverture vaginale et l’anus. Certaines femmes choisissent d’utiliser le massage périnéal pour réduire le risque de traumatisme périnéal pendant l’accouchement. Il permet également d’habituer la femme à la sensation d’étirement qu’elle ressentira lors de la naissance de la tête du bébé.

Un massage périnéal régulier vers la fin de la grossesse peut réduire le risque de déchirure chez les femmes primipares. Les bénéfices d’un massage périnéal sont également significatifs chez les femmes de plus de 30 ans et n’ayant jamais accouché auparavant. Un massage régulier du périnée vers la fin de la grossesse peut réduire le risque de traumatisme périnéal qui a nécessité des points de suture lors d’un premier accouchement.

En général, il est conseillé d’effectuer le massage 2 à 4 fois par semaine si la femme est à l’aise. Cependant, les massages périnéaux doivent être évités en cas d’infection vaginale, de plaie d’herpès ou d’affections vaginales/ vulvaires.

ATTENTION :

  • Évitez de toucher l’anus pour réduire le risque d’infection, évitez que des bactéries de la zone anale pénètrent dans le vagin,
  • évitez d’être trop vigoureuse pendant le massage car cela pourrait provoquer des contusions ou des gonflements de ces tissus sensibles,
  • évitez toute pression sur l’urètre, car cela pourrait provoquer une irritation ou une infection.

La position pendant l’accouchement

Il est important de favoriser la mobilité du bassin et donc de la maman pendant au cours du travail (qu’il y ait une péridurale ou pas). Pour cela, il faut éviter la position gynécologique classique (allongée sur le dos, les pieds dans les étriers), qui augmente tout particulièrement la pression sur le périnée. Il est important de favoriser les positions qui protègent votre périnée :

  • L’accouchement sur le côté
  • L’accouchement à quatre pattes
  • L’accouchement en suspension

Ces quelques positions sont des exemples et non pratiquées dans le monde obstétrical classique. La future maman choisira spontanément la position dans laquelle elle ressent pleinement l’arrivée de son bébé et où elle aura la force de pousser. A vous de choisir la position dans laquelle vous vous sentirez le mieux et d’en parler avec la sage-femme qui vous accompagnera durant l’accouchement.

Le contrôle de la poussée pendant la phase d’expulsion

Pendant l’accouchement, une poussée lente et contrôlée durant la phase finale du travail est importante pour réduire les déchirures. Il faudrait également ne pas vous faire pousser trop tôt, quand les circonstances le permettent, et attendre le fameux réflexe de poussé, qui est naturel.

A ce stade, les femmes ressentent une forte sensation de pression qui leur donne envie d’expulser le fœtus rapidement. La tête exerçant une pression sur le rectum, elles ont l’impression d’avoir besoin d’aller à la selle et utilisent donc les mêmes muscles pour pousser. Cependant, cela peut être néfaste pour le périnée.

Si les conditions le permettent, vous pouvez ralentir pendant la phase de couronnement (moment où la tête du bébé apparait), essayer de détendre les muscles du plancher pelvien et respirer au lieu de pousser, le risque de déchirure grave peut être minimisé. Lorsque la tête du bébé se profile, il est important de ne pas pousser mais de respirer lentement, pour permettre aux tissus périnéaux et à la peau de s’étirer.

Un autre conseil utile est d’ouvrir la bouche pour respirer ou haleter et de dire  » HA… ha….  » pendant cette phase finale, bien douloureuse.

Les compresses chaudes

Selon certaines études, l’application d’une compresse chaude sur votre périnée de façon continue pendant la phase de poussée serait associée à une diminution des déchirures.

Maintenant que vous êtes mieux informées sur les déchirures périnéales et les épisiotomies associées à l’accouchement, vous pouvez préparer au mieux votre accouchement. Ces quelques conseils peuvent vous aider à réduire l’apparition d’une déchirure mais cela dépendra beaucoup du déroulement de l’accouchement en lui-même. Je vous encourage à en parler avec votre sage-femme ou gynécologue. C’est une chose à laquelle vous devez vous préparer.

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